Page:Peguy oeuvres completes 04.djvu/253

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nais pas l’état où je trouve Paris. Mais enfin on ne peut pas sacrifier tout un peuple pour un homme. Je n’eus rien à lui répondre que de prendre un livre dans mon armoire, un petit livre cartonné, une petite édition Hachette — 27. lui dis-je. « Or vous demant-je, fist-il, lequel vous ameriés miex, ou que vous fussiés mesiaus, (mesiaus, c’est lépreux), ou que vous eussiés fait un pechié mortel ? » Et je, qui onques ne li menti, li respondi que je en ameroie miex avoir fait trente que estre mesiaus. Et quant li frere s’en furent parti, (c’étaient deux frères qu’il avait appelés), il m’appela tout seul, et me fist seoir à ses piez et me dist : « Comment me deistes-vous hier ce ? » Et je li diz que encore li disoie-je. Et il me dist : « Vous deistes comme hastis musarz ; car vous devez savoir que nulle si laide mezelerie n’est comme d’estre en pechié mortel, pour ce que l’ame qui est en pechié mortel est semblable au dyable : par quoy nulle si laide meselerie ne puet estre.

28. — « Et bien est voirs que quant li hom meurt, il est gueris de la meselerie dou cors ; mais quant li hom qui a fait le pechié mortel meurt, il ne sait pas ne n’est certeins que il ait eu en sa vie tel repentance que Diex li ait pardonnei : par quoy grant poour doit avoir que celle mezelerie li dure tant comme Diex yert en paradis. Si vous pri, fist-il, tant comme je puis, que vous metés votre cuer à ce, pour l’amour de Dieu et de moy, que vous amissiez miex que touz meschiez avenist au cors, de mezelerie et de toute maladie, que ce que li pechiés mortex venist à l’ame de vous. » On voit que si pour une présentation, dans une présentation récente, je me référais à ce grand chro-