Page:Peguy oeuvres completes 04.djvu/27

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lui assuraient un repos et un arrêt, au milieu de son flot interminable. Il en a trouvé de très bonnes et très belles. Il en a beaucoup admiré, en celui-ci ou celui-là, qui sont d’éclatantes devises sur de la fausse monnoie. Ainsi dans la querelle du classique et du romantique, renouvelée des Grecs et du jeu de l’oie. Elle est toute politique et ne mène à rien. Moréas a besoin de mourir, pour s’en douter, et il exhale le dernier souffle avec cette vérité première : c’est un bruit bien coûteux pour un peu de fumée.

Génie moral et politique, Péguy ne se trompe presque jamais sur le vrai fond des problèmes. Il va le chercher dans l’âme du peuple. Il se place aussitôt à mille lieues de la canaille, qui est l’élite des auteurs et des journaux. Ceux-là vivent dans le mensonge, par nature et par métier. L’honnêteté, dans les uns, c’est qu’ils n’en ont pas conscience, et s’y plaisent ; la perfidie, dans les autres, c'est qu’ils le savent et s’y plaisent aussi.

Péguy, toujours vrai, se donne parfois les apparences de n’être pas tout à fait sincère : il a la manie du distinguo. Toutes ces disquisitions sont les idoles des critiques et des professeurs : Péguy ne laisse pas d’y tomber, mais en dehors du fossé d’encre, il est retenu par le sentiment populaire, il ergote beaucoup, et conclut droitement.

Son opposition de la mystique et de la politique est