Page:Peguy oeuvres completes 04.djvu/355

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expliquerons quelque jour, que nous chercherons quelque jour à approfondir ; en ce sens que j’espère que nous montrerons que le Cid et Horace représentent deux héroïsmes temporels qui, portés à l’éternel, donnent Polyeucte, qui transférés sur le plan de l’éternel, dans le registre de l’éternel, avec tous leurs racinements temporels, se recoupent et en même temps ainsi aboutissent ensemble, s’achèvent, se couronnent en Polyeucte, y produisant ainsi, y montant ainsi, y achevant ainsi comme naturellement non point un surnaturel antinaturel ni surtout extranaturel, (ce qui est le grand danger), mais un surnaturel naturel et supranaturel, littéralement surnaturel ; y représentant un achèvement, en couronnement non point un héroïsme éternel, un héroïsme du salut, un héroïsme de la sainteté en l’air, (ce qui est l’immense danger), mais un héroïsme éternel encore pourvu précisément de toute son origine temporelle, de toutes ses racines temporelles, de toute sa race, de tous ses racinements temporels ; un héroïsme de sainteté qui monte de la terre mais qui n’est point préalablement déraciné de la terre ; qui n’est point préalablement lavé à l’eau stérilisée ; qui même on pourrait dire ne s’en déracine point ; qui s’en arrache mais au fond ne s’en déracine point ; qui n’est donc pas intellectuel mais charnel ; qui est, qui est donc réel ; qui est, qui reste charnel non pas seulement par son origine, par son départ, par sa race, par tout son goût, par toute sa sève, mais encore au moins par le ministère de la prière, de la double prière, toutes les deux montantes ; de la prière de ceux qui restent à ceux qui sont partis, à ceux qui sont déjà partis, qui sont partis les premiers ; pour leur demander leur intercession ; de la prière, de