Page:Peguy oeuvres completes 04.djvu/370

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de reconcentration, ce ramassement en un point de tout l’éternel dans tout le temporel. Tel est généralement leur point de vue, leur propre point, leur angle de vue, leur côté de voir, et mon Dieu c’est assez naturel. En un mot ils considèrent cette grande histoire, cette histoire unique, ce cas suprême, ce cas limite, cette culmination, cette infloraison, cette culminaison, ce couronnement, cette inscription charnelle, cette temporelle inscription, ce point d’achèvement, (et de tout commencement), surtout comme une histoire qui est arrivée à Jésus. Et homo factus est. L’éternité a été faite, est devenue temps. L’éternel a été fait, est devenu temporel. Le spirituel a été fait, est devenu charnel. C’est (surtout) une histoire qui est arrivée à l’éternité, à l’éternel, au spirituel, à Jésus, à Dieu. Pour avoir la contre partie, la vue de l’autre côté, la contrevue pour ainsi dire, cette histoire comme une histoire arrivée à la terre, d’avoir enfanté Dieu, il faudrait que nous eussions le contraire, il faudrait que les terrestres, il faudrait que les charnels, il faudrait que les temporels, il faudrait que les païens (et il faudrait aussi que les mystiques de la première loi, que les Juifs) de leur côté considérassent l’incarnation. Mais c’est ce qu’ils ne feront pas. Et mon Dieu c’est aussi tout naturel. Et on ne peut pas leur en faire un reproche. On ne peut pas leur en faire un grief. Ce n’était point, en un sens, leur office. Ce n’était point, en un sens, leur destination. Leur métier. Il eût fallu, que de leur côté, de leur point de vue ils considérassent l’incarnation. Pour que nous eussions l’autre partie, la contre partie. Pour que contrairement, (conjointement), cette incarnation, ce point d’incarnation vînt, se présentât dans l’ordre de l’événe-