Page:Peguy oeuvres completes 04.djvu/384

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Et c’est toujours de l’avènement beaucoup plus que de l’événement.



Dans le seul Hugo c’est une histoire arrivée à la terre. Une histoire arrivée à la chair, un aboutissement, un couronnement de la chair. Les chrétiens, par office même, considèrent, contemplent l’incarnation. Mais par office même aussi ils ne la considèrent, ils ne la contemplent naturellement que d’une considération, d’une contemplation chrétienne. Les païens, (les Juifs), par leur office même ne la considèrent pas, naturellement, ne la regardent pas, ne la voient pas, l’ignorent. Nous n’avons donc pas la contre partie. Pour avoir la contre partie, (à la considération, à la contemplation chrétienne, une considération, une contemplation païenne de l’incarnation), il faudrait qu’un païen, rompant son office, eût l’idée imprévue, l’idée incroyable de considérer, de contempler l’incarnation, de son côté, du côté païen. Il faudrait que par une exception, par un miracle, un païen, faisant exception, restant païen tout de même, rompant son office mais ne le rompant que sur ce point particulier, sur un point unique, sur ce point, eût l’idée invraisemblable de considérer, lui païen, restant païen, de contempler le mystère de l’incarnation. Si un païen faisait cela, restant du côté païen, venant du côté païen, restant dans une situation,