Page:Peguy oeuvres completes 04.djvu/493

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trouvé des (tout) pareils, une deuxième paire. Julien Benda, Robert Dreyfus, deux aigus. Quand je dis que nous les avons échangés je suis bien bon. Je me flatte. Ils se sont très bien échangés sans nous. Allons, avouons, disons aujourd’hui la vérité. Nous avons autour de nous des dévouements tels que ces dévouements iraient, n’hésiteraient pas, jusqu’à nous empêcher, par la force, de faire des sottises. Nous avons des amis qui ne nous laisseraient pas faire. Ils se sont très bien échangés tout seuls. Il est devenu si évident pour un certain nombre de personnes, et cette année même pour l’opinion, en général, pour la grande opinion, que nos cahiers sont (devenus), constituent plus qu’une entreprise unique, une institution unique, d’un prix unique, et en un certain sens une réussite unique que je sais bien qu’il y a une conspiration constante, un complot permanent, non pas peut-être pour nous nourrir, mais pour nous empêcher de tomber, et même pour nous empêcher de nous exposer. Nos amis, je sens que nos amis n’hésiteraient pas à aller jusqu’à se porter aux dernières extrémités. Un complot, un tracé de complot court là-dessous, un réseau de complot court tout autour de nous. Ne faisons pas la bête. Nous marchons sur un terrain dangereux. Tous nos amis conspirent pour nous. Les vôtres, les miens, qui sont quelquefois les mêmes. Du moins les miens sont toujours les vôtres. Je voudrais avoir la certitude que les vôtres sont toujours les miens. Avouons-le. À peine le bruit se répandit-il, comme un léger murmure, qu’il fallait deviner, soupçonner, plutôt qu’on ne pouvait l’entendre, que peut-être il y avait, qu’il allait y avoir quelque chose entre nous, qu’aussitôt, qu’instantanément nous