Page:Peguy oeuvres completes 04.djvu/502

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chêne, cette énergie presque rude et presque comme sommaire, ces yeux plantés, sous une énorme arcade, sous cette broussaille de poils gris, ce regard bleu, gros, plein de force, je me laisse aller à croire, je crois volontiers que ce n’est qu’un temps, qu’il y a une deuxième jeunesse. Et quand je vois notre grand Laurens, le plus jeune de nous tous, je me laisse aller à compter que peut-être il peut être donné à un homme de conduire son œuvre peut-être pour ainsi dire presque jusqu’à son plein achèvement.


Un matin comme tous les matins vous partez innocent de votre innocente maison. Dans la journée vous ne faites rien. Rien de plus. Rien d’autre. Et le soir c’est fait. Un irréparable a été commis. C’est fini. Tout s’est fait sans vous. Le péché connaît très bien son affaire. Il s’est commis sous votre nom, sous votre responsabilité réelle, sans rien vous demander. Vous êtes inopiné.


Nous savons ce que c’est que d’avoir du regret, du remords, du souvenir, de la honte ; du repentir, de la pénitence ; de la contrition sans avoir failli et sans rien avoir à se reprocher ; du péché sans avoir péché ; et que ce sont les plus profonds et les plus ineffaçables.



Des autres mesures, des autres courages, des autres mémoires vous me permettrez, Halévy, de ne point