Page:Peguy oeuvres completes 05.djvu/139

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Que l’on mangerait.
Mais ce sont les outils qui le mangent.
Et l’écorce qui se sépare.
Qui s’écarte.
Qui se pèle.
Qui s’enlève délicatement sous la cognée.
Qui sent si bon et qui a une si belle couleur brune.
Comme il aimait ce métier-là.
L’écorce qui a une si bonne couleur, une si bonne odeur.
Comme il aimait son métier.
Il était fait pour ce métier-là.
Sûrement.
Le métier des berceaux et des cercueils.
Qui se ressemblent tant.
Des tables et des lits.
Et aussi des autres meubles.
De tous les meubles.
Car il ne faut oublier personne.
Il ne faut décourager personne.
Le métier des buffets, des armoires, des commodes.
Des mées.
Pour mettre le pain.
Des escabeaux.
Et le monde n’est que l’escabeau de vos pieds.
Car dans ce temps-là les menuisiers n’étaient pas encore
séparés des charpentiers.
Tout ce qui travaillait le bois.
Comme il avait aimé le travail bien fait.
L’ouvrage bien faite.

Il avait été un bon ouvrier.
Un bon charpentier.