Page:Peguy oeuvres completes 05.djvu/271

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Et cette fois, oh cette fois, depuis cette fois qu’elle coula, comme un fleuve de sang, du flanc percé de mon fils.

Quelle ne faut-il pas que soient ma grâce et la force de ma grâce pour que cette petite espérance, vacillante au souffle du péché, tremblante à tous les vents, anxieuse au moindre souffle,

soit aussi invariable, se tienne aussi fidèle, aussi droite, aussi pure ; et aussi invincible, et immortelle, et impossible à éteindre ; que cette petite flamme du sanctuaire.

Qui brûle éternellement dans la lampe fidèle.
Une flamme tremblotante a traversé l’épaisseur des mondes.
Une flamme vacillante a traversé l’épaisseur des temps.
Une flamme anxieuse a traversé l’épaisseur des nuits.
Depuis cette première fois que ma grâce a coulé pour
la création du monde.
Depuis toujours que ma grâce coule pour la conservation
du monde.
Depuis cette fois que le sang de mon fils a coulé pour
le salut du monde.


Une flamme impossible à atteindre, impossible à éteindre
au souffle de la mort.


Ce qui m’étonne, dit Dieu, c’est l’espérance.
Et je n’en reviens pas.
Cette petite espérance qui n’a l’air de rien du tout.
Cette petite fille espérance.
Immortelle.