Page:Peguy oeuvres completes 05.djvu/346

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Un orgueil tout bouffi de sang
Qui bourdonne dans les oreilles
Par le bourdonnement du sang,
Un orgueil qui injecte les yeux de sang,
Et qui bat le tambour dans les tempes,
Voilà ce qu’ils ne connaissent point.


Ils ne connaissent donc point qu’il y a un Pâques
Un jour de Pâques, un dimanche de Pâques
Une semaine de Pâques
Un mois de Pâques
Pour la montée, pour la remontée de l’espérance charnelle
Comme il y a pour la sève du chêne et du bouleau
Un mois d’avril, un mois de mai.


Ils ne connaissent point tout cet orgueil charnel, ce plein orgueil charnel, ce chaud orgueil charnel,

D’un sang bouillant.
Ils ne connaissent donc point la rémission charnelle
Du sang versé.


Ils ne connaissent point le gros orgueil d’homme,
Tout plein de soi.
Tout gras.
Tout gonflé, tout nourri de soi.
Ils ne connaissent point tant de graisse, tant de mangeaille
Qui n’a pu être compensée