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À la merci du dernier des soldats)
Qu’il a à redouter, tout, de nous.
(Qu’il ait à redouter, c’est déjà trop, c’est déjà tout),
(Si peu que ce fût, et ici c’est tout)
(Si peu que ce fût, quand ce ne serait presque rien, rien pour ainsi dire)
Telle est la situation où Dieu par la vertu de l’espérance
Pour faire le jeu de l’espérance,
S’est laissé mettre
En face du pécheur.
Il craint de lui, puisqu’il craint pour lui.

Tu comprends, je dis : Dieu craint du pécheur, puisqu’il craint pour le pécheur

Quand on craint pour quelqu’un, on craint de ce quelqu’un.
C’est à cette loi commune que Dieu s’est laissé mettre.
Et soumettre.
À ce niveau commun.
C’est à cette loi commune qu’il a souffert d’être mis.
Il faut qu’il attende le bon plaisir du pécheur.
Il s’est mis sur ce pied.
Il faut qu’il espère dans le pécheur, en nous.
Il faut, c’est insensé, il faut qu’il espère que nous nous sauvions.
Il ne peut rien faire sans nous.
Il faut qu’il écoute nos fantaisies.

Il faut qu’il attende que monsieur le pécheur veuille bien un peu penser à son salut.



Voilà la situation que Dieu s’est faite.