Page:Peguy oeuvres completes 05.djvu/418

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Peuple laborieux, peuple du plus profond labeur.

Ce n’est pas lui qui stagne et croupit dans les marais de la paresse.

Dans les mares stagnantes, dans les fosses, dans les mares croupissantes.

Dans les croupissements et dans les boues de la paresse.
Dans les croupissements du désespoir.
Dans les croupissements et dans les boues du péché.
Peuple alerte, peuple jardinier les jours mauvais
Ils ne déposent point, chez lui ne s’extravasent point
En mares croupissantes mais peuple maraîcher
Des marais mêmes il fait les plus beaux jardins.
Il fait pousser les plus beaux légumes, les plus beaux fruits.
Et son âme est toujours une eau courante et une eau vive.
Et son travail est toujours une eau courante.
Et sa prière, je le sais, est toujours une eau courante.



Singulier peuple, il faut, dit Dieu, qu’il y ait eu quelque accointance.
Quelque accointement.

Qu’il se soit fait quelque accointance entre ce peuple et cette petite Espérance.

Ils y réussissent trop bien.
Et il n’y a qu’eux qui y réussissent.
Il faut qu’ils aient fait entre eux une espèce d’adoption.
Ils ont adopté l’espérance et l’espérance les a adoptés.