Page:Peguy oeuvres completes 05.djvu/463

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Un tout petit poste pour garder ce gibet sans importance.
La potence où mon Fils pendait.
Seules quelques femmes étaient demeurées.
La Mère était là.

Et peut-être aussi quelques disciples, et encore on n’en est pas bien sûr.

Or tout homme a le droit d’ensevelir son fils.
Tout homme sur terre, s’il a ce grand malheur
De ne pas être mort avant son fils. Et moi seul, moi Dieu,
Les bras liés par cette aventure,
Moi seul à cette minute père après tant de pères,
Moi seul je ne pouvais pas ensevelir mon fils.
C’est alors, ô nuit, que tu vins.

Ô ma fille chère entre toutes et je le vois encore et je verrai cela dans mon éternité

C’est alors ô Nuit que tu vins et dans un grand linceul tu ensevelis

Le Centenier et ses hommes romains,
La Vierge et les saintes femmes,
Et cette montagne et cette vallée, sur qui le soir descendait,

Et mon peuple d’Israël et les pécheurs et ensemble celui qui mourait, qui était mort pour eux


Et les hommes de Joseph d’Arimathée qui déjà s’approchaient

Portant le linceul blanc.