Page:Peguy oeuvres completes 05.djvu/83

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

La seule grande histoire de jamais.

La plus grande histoire de tout le monde.

La seule histoire intéressante qui soit jamais arrivée.

Ainsi tout un chacun pouvait vous approcher. Et ce vieil homme, au soir de sa vie, vous a embrassé comme un petit enfant ordinaire. Il vous a sûrement embrassé. Comme un vieillard, comme les vieilles gens aiment à embrasser les enfants, les petits, les tout petits enfants. Mais vous, flèche de Chartres, nef d’Amiens, où allez-vous. Que faites-vous, qui êtes-vous, d’où venez-vous. Vous n’êtes rien. Et vous flèche de Chartres et tombeaux de Saint-Denis, saintetés du royaume de France, vous n’êtes rien. Et dans ce petit pays, dans ce petit bourg, dans cette petite paroisse on a vu ce qu’on n’a pas vu à Château-Thierry ; dans cette autre petite paroisse de ce pays-là, où il n’y a peut-être pas même une église, à présent ; aujourd’hui ; on y a vu ce qu’on n’a jamais vu à Château-Thierry. Une autre paroisse s’était levée de plus bonne heure. Comment s’y sont donc pris, mon Dieu, les gens de ce temps-là et de ce pays-là, les gens d’alors, les gens de là. Que vous ont donc fait, que vous avaient donc fait les hommes de ce temps-là et de ce pays-là. Quel mystère, quel effrayant mystère. Quel mystère effrayant. Ils n’eurent qu’à s’approcher de ce mystère effrayant. Ceux qui se trouvèrent juste à point. Sans rien faire pour cela ils eurent, ils ont eu ce qui a été refusé ; forcément ; puisque ça n’a eu lieu qu’une fois ; naturellement ça ne pouvait avoir lieu qu’une fois. Ce qui n’a pas été donné aux plus grands saints des autres temps et des autres pays. Ils n’eurent qu’à s’approcher de ce mystère effrayant. Les derniers de ce temps et de