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Ou regnum cœlorum, le royaume des cieux.

Regnum cœli vim patitur. Et violenti rapient illud. Ou rapiunt. Le royaume du ciel souffre la violence. Et les violents le violent. Ou le violeront.


Comment voulez-vous que je me défende. Mon fils leur a tout dit. Et non seulement cela. Mais dans le temps il s’est mis à leur tête. Et ils sont comme une grande flotte antique, comme une flotte innombrable qui s’attaquerait au grand roi. Derrière le point, derrière l’extrême point de cette extrême pointe cette extrême pointe s’avance et derrière et se tenant serrée comme un faisceau que je ne puis rompre cette pointe elle-même et aussitôt derrière s’avancent effrontément ces lourdes trirèmes antiques et elles fendent, plus serrées que la phalange macédonienne, impudemment elles fendent le flot de ma colère, et de la colère de ma justice.

(Et de la justice de ma colère).

Liées comme un faisceau d’hommes à la guerre elles s’avancent lourdement portées sur leurs trois rangs de rames.

Et cette flotte est plus innombrable que la flotte des Achéens.

Et reculant je reconnais les trois ponts superposés, les trois invincibles, les trois insubmersibles ponts.

Plus forts que l’océan de ma colère.
Et je reconnais les trois rangs de rames.
Et ce sont des rames juives et ce sont des rames grecques.
Et ce sont des rames latines et ce sont des rames françaises.
Et le premier rang de rames est :