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L E M Y S T È R E

.l’aime qu’ils se donnent et qu’ils donnent leur cteur et qu’ils se remettent et qu’ils s’apportent et qu’ils estiment non seulement librement mais comme gra- tuitement.

J’aime qu’ils aiment enfin, dit Dieu, non seulement librement mais comme gratuitement.

Or pour cela, dit Dieu, avec mes Français je suis bien sei’vi.

C’est un peuple qui est venu au monde la main ouverte et le C(i>ur libéral.

Il donne, il sait donner. Il est naturellement gratuit.

Quand il donne, il ne vend pas, celui-là, et il ne prête pas à la petite semaine.

Il donne pour rien. .Autrement est-ce donner.

Il aime pour rien. Autrement est-ce aimer.

Il ne me propose point toujours des marchés générale- ment honteux.

Peuple libre, peuple gratuit, et non plus seulement peuple jai’dinier.

Peuple gratuit, peuple gracieux.

Peuple de barons français, peuple qui lève la tête, peuple qui sais parler aux grands

El par conséquent à moi le Très-Grand. Ceux qui baissent toujours la tête

On ne voit pas qu’ils baissent aussi la tête

A l’Offertoire et à l’Elévation du Corps de mon Fils.

Mais ces Français qui lèvent toujours la tête,

Qui ont toujours la tête droite

Et haute.

Quand dans une église cent cinquante ou deux cents rangées de Français à genoux

r>aissent la tête ensemble en même temps trois fois aux trois coups de la sonnette