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LE MYSTÈRE

11 ne marchande pas sur un vœu. Quand il donne, il

donne. Quand il demande, il demande. Il ne fait pas traîner ce qu’il donne dans ce qu’il

demande et ce qu’il demande dans ce qu’il donne. Il n’embarbouillepas tout ça l’un dans l’autre. Il n’emmêle pas. Il ne demande pas pour donner, il ne

donne pas pour demander, il ne donne pas pour rece- voir, lisait très bien Que tout ce qu’on m’apporte n’est rien auprès, En comparaison, au prix de ce que je donne. Aussi ces Français ne me proposent-ils jamais un

échange, un marché. Ils savent très bien Que ma grâce est gratuite, qu’il n’est que de me plaire,

que je fais ce que je veux Et ils y répondent par une sorte de prière gratuite et

même Par des sortes de vœux gratuits. Ils savent très bien Qu’ils ne m’apportent aucuns mérites et que ce que je

fais, Je le fais pour les mérites et par les mérites de mon

fils et des saints.

A une gratuité de ma grâce ils répondent par une cer- taine gratuité de la prière. Et par une certaine gratuité du vœu même.

Ils me répondent comme je demande. Or s’il en est ainsi du menu peuple et d’un baron français

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