Page:Peguy oeuvres completes 06.djvu/98

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

L E M Y S T K R E

Et il me dit : « Vous dîtes comme vif étourdi ;

(Rien de plus, comme vif étourdi, comme vif élourneau) ;

car vous devez savoir que nulle si laide lèpre nest comme d’être en péché mortel, pour ce que Vâme qui est en péché mortel est semblable au diable ; par quoi nulle si laide lèpre ne peut être.

« Et bien est vrai que quand l’homme meurt, il est guéri de la lèpre du corps ; mais quand Vhomme qui a fait le péché mortel meurt, il ne sait pas ni nest certain que Hait eu en sa vie telle repentance que Dieu lui ait pardonné : par quoi grand peur doit avoir que cette lèpre lui dure tant comme Dieu sera en paradis. Si vous prie, fit-il, tant comme je puis, que vous mettiez votre cœur à ce, pour Vamour de Dieu et de moi, que vous aimassiez mieux que tout méchef avint au corps, de lèpre et de toute maladie, que ce que le péché mortel vînt à Vàme de vous.

Quelle douceur, mon enfant, quelle fermeté dans la douceur, quelle douceur dans la fermeté.

L’une et l’autre ensemble liées indissolubles, l’une poussant l’autre, lune faisant valoir l’autre, lune soutenant l’autre, l’une nourrissant l’autre.

La douceur toute armée de fermeté, la fermeté toute armée de douceur.

L’une enfermée dans l’autre, l’autre enfermée dans l’une, comme un double noyau dans un double fruit

90