Page:Peguy oeuvres completes 09.djvu/48

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C’est une marque de grande grossièreté, (en philosophie), que de vouloir avoir raison ; et encore plus, que de vouloir avoir raison contre quelqu’un. Et c’est une marque de la même grossièreté que d’assister à un débat de philosophie avec la pensée de voir un des deux adversaires avoir tort ou avoir raison. Contre l’autre. Parlez-moi seulement d’une philosophie qui est plus délibérée, comme celle de Descartes, ou plus profonde, ou plus attentive, ou plus pieuse. Ou plus déliée. Parlez-moi d’une philosophie sévère. Ou d’une philosophie heureuse. Parlez-moi surtout d’une certaine fidélité à la réalité, que je mets au-dessus de tout.

Une grande philosophie n’est pas enfin celle qui couche, et à la fois, sur toutes les positions sur tous les champs de bataille. C’est seulement celle qui, un jour, s’est bien battue au coin de ce bois :

Heureux ceux qui sont morts pour quatre coins de terre.

Napoléon n’occupe plus le cimetière d’Eylau. Et il ne dresse plus sa tente au pied des Pyramides. Mais il y a eu la campagne d’Égypte, la campagne de Russie, les guerres d’Allemagne, et il y a eu la campagne de France.

Je ne veux point dans cette simple note entrer dans le fond du débat bergsonien. Si je puis le faire un jour je parlerai en chrétien et en catholique. Je parlerai sans autorité mais je ne parlerai pas sans entente et sans entendement. Que la bataille qui s’est livrée autour