Page:Peguy oeuvres completes 13.djvu/180

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

connais que les têtes. Je ne connais pas Ménélas. Ni Pénélope. Je connais Rudler et je ne connais que Rudler. Et s’il est nécessaire j’irai plus haut que Rudler encore, j’atteindrai plus haut, j’irai jusqu’à quelque tête couronnée. Je monte toujours. Je ne descends jamais. Je ne connais pas M. le Grix. Quand même on me ferait déjeuner vingt-sept fois avec lui, je ne le connais pas, je ne veux pas le connaître. Je connais M. Laudet. Je ne connais que M. Laudet. Je ne veux connaître que M. Laudet. Autrement ce serait trop commode. Si M. le Grix réclame son droit à l’existence et tout ce qui s’ensuit, il passera deuxième. Il se mettra derrière son patron.

Comme M. Sorel me l’a dit quand j’étais jeune, ainsi je me retourne et je le dis à mon tour à tout jeune homme qui voudrait fonder une institution, une entreprise, une maison, une œuvre et qui naturellement serait aussitôt assailli de cabales démagogiques. Frapper à la tête. Ce n’est pas tout à fait le mot de César. Frapper au visage. — Non : feri vultum ; sed ; feri caput. Frapper à la tête. Et alors ne pas y aller de main morte. Ne pas se battre pour la frime. Toute cette vigueur que ces jeunes gens déploient pour l’encensement, la déployer pour l’enfoncement. Tout ce courage qu’un Sudre déploie pour manœuvrer l’encensoir sur le nez de M. Brunot, le déployer pour casser sur les mêmes sortes de nez d’autres sortes d’encensoirs. (Ce qui rend tout à fait comique l’opération dudit Sudre, c’est que quand M. Brunot est conduit à parler dudit, il ne manque jamais de le juger ainsi : Ah oui, dit-il, Sudre, c’est encore un de ces nécrophages. (Enfin un de ces insectes qui vivent de cadavres). — Et pendant ce