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Page:Pelland - Biographie, discours, conferences, etc. de l'Hon. Honoré Mercier, 1890.djvu/22

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longtemps une lutte, dans laquelle il perdait chaque jour un lambeau de sa considération publique et privée, annonça enfin à la chambre qu’il venait de remettre sa démission entre les mains du Gouverneur général. Deux jours plus tard, le gouvernement Mackenzie était constitué ; et au bout de deux mois, il prononçait la dissolution de la chambre. (Janvier 1874).

Il y a des événements qu’il est bon de rappeler à ceux qui seraient tentés de les oublier, pour éviter que les mêmes fautes ne se répètent. Le principal tort du gouvernement Mackenzie fut de ne pas songer à la province de Québec et d’ignorer systématiquement le mouvement national. Depuis lors, nous n’avons cessé de souffrir de cette lamentable erreur, qui devait avoir pour conséquence, en 1878, de rejeter pour sept ans les Canadiens français allarmés et mécontents, dans les bras du parti tory, et finalement de nous livrer pieds et poings liés à l’orangisme.

Peut-être, à cette époque, le mouvement national était-il prématuré. Certains libéraux, étroits et exclusifs, avaient eu quelque peine à s’y prêter. Cependant, il avait obtenu assez de succès dans la population pour justifier la tentative de ses promoteurs et pour démontrer aux esprits clairvoyants que l’avenir était là.

C’est sous l’influence de ce mouvement que la province de Québec avait envoyé, en 1872, une majorité d’opposition au parlement d’Ottawa.

Qui sait combien d’affronts et de ruines on eût pu éviter, en persévérant dans la même voie. Malheureusement, la façon dont le ministère Mackenzie fut constitué nous rejeta dans l’ornière des vieilles divisions de parti. Nous en subissons encore la peine ; et il n’a fallu rien moins que le gibet de Régina et la loyale attitude de M. Blake, pour nous faire oublier notre déception de 1873.

Aux élections de 1874, la situation créée aux libéraux nationaux mettait M. Mercier, dans le comté de Rouville, en face d’un candidat exclusivement ministériel, et d’un candidat conservateur. M. Mercier ne voulut point exposer ce comté à passer entre les mains d’un tory, et pour assurer l’élection du candidat libéral, il préféra se désister en faveur de son concurrent, M.