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Page:Pelland - Biographie, discours, conferences, etc. de l'Hon. Honoré Mercier, 1890.djvu/58

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Nous disons que le gouvernement fédéral n’a pas de juridiction pour juger ce que l’on a appelé le coup d’état du 2 Mars 1878, mais que cet acte étant constitutionnel, quoique vigoureux, quoique violent peut-être, c’est au peuple de notre province à l’approuver ou le désapprouver. Nos adversaires, au contraire, soutiennent que le parlement fédéral peut intervenir dans l’espèce, blâmer M. Letellier, ordonner sa démission, le punir ainsi d’un acte purement politique. Je me suis servi du mot violent, je veux être crompris et bien compris. L’acte en question était parfaitement justifiable et je l’approuve sans restriction aucune.

Essayons de trouver laquelle de ces doctrines est la vraie ; laquelle doit-être acceptée par le peuple de cette province qui nous a envoyés ici, ne l’oublions pas, pour défendre son indépendance politique et repousser toute tentative qui serait faite par un pouvoir supérieur pour diminuer cette indépendance que la constitution nous accorde dans certaines conditions. Dans ce but je vais vous soumettre trois propositions qui serviront, je l’espère, à appuyer les résolutions de l’honorable chef du gouvernement, et à détruire celles de l’honorable chef de l’opposition.

Voici comment j’entends soumettre ma thèse : je dis que nous devons condamner l’intervention du parlement fédéral au sujet de l’affaire Letellier.

lo. Parce qu’elle est contraire à l’esprit de la constitution qui nous régit ;

2o. Parce qu’elle est de nature à briser l’autonomie de notre province ;

3o. Parce qu’elle constitue une injure pour tous les habitants de cette province.

Je vais essayer de développer et de prouver ces trois propositions avec autant de clarté que je le puis et de précision que les circonstances me le permettent.

lo. Cette intervention fédérale est contraire à l’esprit de notre constitution.

Nous avons une loi écrite qui nous régit ; nous allons la lire, l’expliquer et pour mieux la comprendre nous en rechercherons le sens dans la pensée de ceux qui l’ont rédigée, dans la pensée de ceux qu’on a appelés les pères de la confédération.