Page:Pelletan – Le Droit de parler, 1862.pdf/28

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donc être, à son tour, juge et partie, lorsqu’un journal discute la politique du pouvoir ?


IX


La loi moderne a déclaré la propriété sacrée, et par cette raison elle a effacé du code la peine de la confiscation : c’est bien. Et pourtant on peut supprimer un journal. Or un journal ne représente pas seulement une opinion, il représente aussi une propriété : donc supprimer un journal… Achevez vous-même la phrase, Monsieur.

Certes, j’aime à rendre justice à qui de droit, même à un adversaire : je n’hésite pas à croire que le pouvoir armé du droit de vie et de mort sur la presse n’en fait usage qu’à la dernière extrémité, mais je ne doute pas aussi que, dans un certain ordre d’idées, il y a tel instrument qui entraîne.

Que de journaux morts de mort violente depuis dix années ! Voulez-vous faire l’appel dans cette vallée de Josaphat ? Le Corsaire, mort ; la Mode, morte ; l’Assemblée nationale, morte ; la Revue de Paris, morte ; l’Estafette, morte ; le Courrier de Paris, mort ; l’Avenir, mort ; l’Univers, mort ; le Journal de Saint-Quentin, mort ; la Jeunesse, morte ; la Jeune France, morte ; la Gazette de Lyon, morte ; l’Ami de la Religion, asphyxié, puis ressuscité dans le Globe, mort lui-même du fait de cette incarnation, etc., etc., etc., etc. Est-ce