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fait la campagne de la Loire. « Vous n’allez pas fusiller cet homme », lui dit-il. Il n’eut pas le temps d’obtenir une réponse. Pendant que le fédéré allait au mur, enjambant les corps, glissant sur le sang dont le terrain était couvert, deux balles l’abattaient sur les deux genoux : deux autres coups de chassepot le couchèrent par terre sans l’achever. Le malheureux se débattait désespérément contre la mort ; un affreux tremblement nerveux secouait tout son corps : il criait : Grâce ! grâce ! » Une troisième décharge lui coupa la voix ; mais il vivait, il se débattait encore. Alors le sous-lieutenant prit un revolver et le déchargea dans l’oreille de la victime, une fois, puis deux, puis trois… la révolte du malheureux contre la mort était si désespérée que l’agonie ne finit qu’au cinquième coup.

Je dois ajouter que le sous-lieutenant fut puni. Un général qui passait par là se fit raconter la scène et infligea au jeune officier vingt jours de prison.

Plus loin, au coin de la rue Monge, on fusillait encore.

Et, notez-le bien, on fusillait des personnes portant l’habit civil.

C’est la fatalité de la guerre civile que la fusillade allume la fusillade, et que les balles tirées d’un côté ont de l’autre côté des ricochets lointains et terribles.

Pendant qu’on fusillait au Panthéon, à l’avenue d’Italie, les Dominicains d’Arcueil, arrachés de leur prison, étaient menacés par une foule furieuse. « Nous soignerons vos blessés », dirent-ils. Il y eut un moment d’apaisement. On ramena les Dominicains dans leur geôle.

Ici, je laisse la parole à M. Maxime Ducamp. Son récit ne sera pas suspect aux conservateurs (Maxime Ducamp, t. I, p. 229).

« Peut-être auraient-ils été sauvés si Serizier n’avait appris des nouvelles qui l’exaspérèrent ; des hommes