Page:Pelletan - La Semaine de Mai.djvu/110

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tous les jours. Le dernier, auquel elle donnait le sein, restait avec elle. Quatre soldats vinrent la prendre. Elle serrait son enfant contre sa poitrine en poussant des cris affreux. Elle ne voulait ni ne pouvait marcher. On prit une corde qu’on passa sous ses bras, on la traîna et on l’attacha à un des montants du portique du gymnase. On la tua, elle et son enfant.

» Il restait deux hommes à fusiller pour que ce fût le tour de Galtier ; mais l’ordre arriva de ne plus fusiller.

» On creusa une fosse près du mur de l’école et on enterra les fusillés. »

Un autre fait.

M. Barthélémy, chauffeur à l’usine des Moulineaux, fut blessé par une balle perdue en allant à son travail, le matin, à l’heure habituelle. Relevé par des fédérés, il fut porté dans un poste transformé en ambulance, situé derrière l’hôpital Lariboisière, auprès des Vendanges de Bourgogne. Quand l’armée approcha, on évacua une partie des blessés sur l’hôpital ; aucun n’y arriva ; tous furent tués en route.

Nous verrons plus tard les blessés des Quinze-Vingt tirés de leur lit, et conduits au Châtelet, pour être achevés à la caserne Lobau.

Le docteur M…, qui dirigeait une ambulance rue Jeanne-d’Arc, me fournit des détails navrants sur les fusillades du quartier. Les fédérés se rendirent, il contribua à les y décider. On les laissa aller : mais, quand ils furent partis, on tira sur eux. Le docteur M… fut arrêté avec tout le personnel de l’ambulance. On forma une colonne de prisonniers. Toute la rue Jeanne-d’Arc était pleine de cadavres. On fusillait encore. « Nous avons vu, nous dit M. le docteur M…, un vieillard de plus de soixante-dix ans qu’on allait exécuter. Un cri s’éleva de la colonne de prisonniers à ce spectacle. Ce-