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XVIII

EXÉCUTIONS DIVERSES

On ne fusillait pas seulement les prétendus pétroleurs ; on fusillait encore dans tout Paris, j’entends dans Paris conquis et pacifié : 1o Ceux qui avaient un pantalon de garde national ; 2o Ceux qui avaient aux pieds des godillots ; 3o Ceux qui avaient l’épaule droite marquée comme par la crosse d’un fusil, etc., etc.

Un ancien soldat qui était alors caporal dans l’armée régulière, et qui fit partie du détachement chargé de conduire Varlin au supplice, m’a écrit une lettre pleine de renseignements fort curieux, où je lis :

« Je dois vous déclarer, moi aussi, qui ai été témoin de bon nombre d’arrestations, que la vie du peuple de Paris était à la merci d’un malentendu quelconque ; un godillot, un pantalon, des mains noires, un fusil, quoi que ce fût de ce genre, amenait l’arrestation du détenteur, et je pourrais vous citer plusieurs personnes que j’ai fait relâcher en expliquant aux soldats qui les avaient arrêtées que la garde nationale n’avait pas été désarmée. Cela provenait tout simplement de ce que les soldats arrêtaient sans ordre précis. Les officiers se contentaient de dire : Allez faire des perquisitions, et amenez tous ceux qui vous paraîtront suspects. La troupe elle-même était surveillée par la police. »

Un de nos amis, qui a su depuis se faire sa place, se trouvait alors à Paris, où il était arrivé pour la première fois le 17 mars, sans connaître personne. Chassé de chez lui par l’incendie, ne sachant aucune maison où il