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Saint-Privat. On le croyait mort. Inutile de dire s’il fut fêté. Au lieu de cinq minutes, il resta un quart d’heure. Quand il redescendit, il trouva dans la rue un autre régiment. Le sien était loin. — Un soldat sortait d’une maison ? C’était assurément un déserteur qui venait de l’armée de la Commune. On le mit au mur, on chargeait les fusils pour l’exécuter, quand toute la maison, accourue au bruit, donna des explications. On ne les croyait pas. Il fallut que sa famille l’entoura, disant : « Fusillez-nous tous alors ! »… Enfin on le relâcha. D’autres furent moins heureux.

Lorsque le Jardin des Plantes fut pris par la troupe, l’intendant y établit des soldats de l’administration pour préparer les vivres et faire la soupe. Puis la division se remit en marche. Une demi-heure après, arriva un autre régiment… Les hommes qui étaient là faisaient évidemment la soupe pour les fédérés ! On les fusilla sans rien écouter. L’un d’eux se cacha dans une marmite, il y fut tué à coup de baïonnette !

Le fait a été dit à celui qui me le transmet par un lieutenant qui en a été témoin, et qui ajoutait après l’avoir raconté : « Je voudrais avoir les deux jambes coupées et n’avoir pas vu ce que j’ai vu. J’en ai eu le cauchemar pendant plus d’un an ».


XIX

EXÉCUTIONS DIVERSES
(Suite)

Il serait trop long de dire combien de motifs pouvaient faire tuer une créature humaine à cette triste