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de se joindre aux communeux, ne fut sauvé que par les efforts de M. Millière. »

Il avait dans les rangs des communalistes un homonyme, colonel des fédérés : on confondit les deux. Le lecteur sait combien ces sortes de confusions firent de victimes.

J’ai, sur son exécution, outre les notes des journaux, trois témoignages de témoins oculaires : c’est d’abord le fameux récit du capitaine Garcin, dans l’enquête parlementaire ; puis celui de M. Louis Mie, l’orateur éminent, qui mourut député de la Gironde, et assista par hasard au drame. Il venait de Périgueux, comme délégué du conseil municipal, avec son collègue, M. Leymarie, pour voir M. Thiers ; de passage à Paris, il vit fusiller Millière ; il a rédigé et publié un récit de l’exécution qu’il a fait précéder de ces mots : « Je jure que ceci est la vérité et rien que la vérité. » Son compagnon, M. Leymarie, a contresigné le récit avec la même formule et le même serment. Enfin, l’administrateur de la Justice, M. Marpon, dont la librairie, comme on sait, est sous les galeries de l’Odéon, s’est trouvé présent avec un de ses amis et m’a fourni les détails qui concordent d’ailleurs avec le récit de M. Louis Mie.

M. Garcin dit (Enquête parlementaire, p. 239) :

« Millière a été arrêté vers dix heures du matin, dans une maison qui était la sienne, je crois. Il avait opposé une certaine résistance au sergent et au caporal qui l’arrêtaient : il avait tiré un revolver, et il était amené par deux hommes très surexcités, la foule était frémissante : elle voulait le lacérer. »

Ce début du récit est absolument faux. Millière n’a pas été arrêté chez lui : Millière n’a pas tiré sur les soldats qui l’arrêtaient.

Le Figaro du 16 juin contient une lettre curieuse de