Page:Pelletan - La Semaine de Mai.djvu/179

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

expulsant un jeune homme muni des pouvoirs de M. Barthélémy Saint-Hilaire ; dans le Ve arrondissement, on a vu un officier d’état-major, ami de M. de Villemessant ; et à Montmartre, le colonel Perrier, doublé d’un délégué civil, ancien coulissier, aussi cruel, aussi menaçant que le colonel était modéré.

Naturellement, c’était aux mairies qu’on amenait les prisonniers : et partout où l’on amenait des prisonniers, il y avait des exécutions. Le Siècle, cité par la Patrie du 28 mai, dit :

« Dans quelques-unes des mairies réoccupées par les anciens maires, on a institué des cours martiales qui fonctionnent en permanence. »

Et il cite une mairie, où, dans la salle de la justice de paix, « trois officiers en costume civil siègent, entourés par des gardes nationaux et interrogent toutes les personnes suspectes arrêtées dans l’arrondissement depuis que la lutte est terminée. »

Il est probable que dans aucune mairie, il n’y eut de tuerie comparable à celle qui se fit à la mairie du Panthéon. Elle était « bondée de cadavres » me dit un témoin oculaire.

Un autre m’a écrit le fait suivant : Un officier entre dans la cour avec M. B…, chevalier de la Légion d’honneur. Un vieillard légèrement blessé y avait passé la nuit au milieu des morts. Il était devenu fou, et souriait en plongeant sa main dans une tabatière vide. « En voilà un, dit M. B…, auquel Dieu a bien réellement fait grâce. » L’officier, sans mot dire, s’approcha du vieillard et lui brula la cervelle.

Mais il y avait bien d’autres centres d’exécutions que les mairies. D’abord, sur la rive gauche, la prison du Cherche-Midi. « Chaque jour, le matin, surtout, m’écrit-on, on y a fusillé des malheureux et plusieurs femmes.