Page:Pelletan - La Semaine de Mai.djvu/183

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En entrant, il aperçut dans un coin une pile de cadavres. J’ai déjà raconté qu’on lui montra parmi ces cadavres un prétendu Lefrançais. Peu s’en fallut que M. Ulysse Parent ne grossît de son corps ce sinistre charnier. Par bonheur, il rencontra là un aide-major de la garde nationale qui le tira d’affaire. Les journaux du temps mentionnent un assez grand nombre d’exécutions à cette caserne.

Les exécutions de la place Vendôme ont été plus nombreuses. On y faisait converger les prisonniers des divers points de Paris ; on les y enfermait passagèrement. Une prévôté y était installée.

Quand la troupe entra rue de Valois, on fit prisonnier tout ce qu’on trouva dans la maison du Rappel, y compris les locataires de la maison et l’imprimeur, M. Balitout. Je tiens de M. Balitout et d’un de mes anciens collaborateurs, le récit de leur voyage à Versailles. Ils furent conduits d’abord place Vendôme. La place avait l’aspect d’un camp. Les barricades étaient encore debout, seulement on y avait ménagé des passages. À droite, en entrant, ils virent « une pile comme les piles de bois, dans les chantiers, seulement elle était faite de cadavres. » Un officier leur dit qu’on allait leur faire « leur affaire ». Un officier supérieur donna un contre-ordre et les fit conduire dans une cave où il y avait déjà des prisonniers. De leur cachot, ils purent entendre les détonations des fusillades.

J’ai déjà cité, en parlant des pétroleuses et des empoisonneuses, le passage du Times du 29 mai, parlant des prisonnières qu’on allait exécuter place Vendôme. Les journaux français de la même époque mentionnent souvent ces exécutions : ainsi le Paris-Journal du 28 mai dit :