Page:Pelletan - La Semaine de Mai.djvu/252

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Or, il n’en a jamais été question : on savait que le feu avait été mis en divers endroits : on en accusait les fédérés : on en accusait Ferré, et le lecteur connaît maintenant assez les mœurs de la semaine de Mai, pour savoir que si Villain avait été accusé, il aurait été en un instant saisi, bousculé, collé au mur.

M. Ansart continue :

« En descendant, je trouvai Villain dans une « attitude » louche. »

« Attitude louche » est un chef-d’œuvre qui se passe de commentaire. Je continue la citation :

« … Dans une attitude louche. Je le fis arrêter par des pompiers pour le remettre à la cour prévôtale. Je ne sais rien de plus. Je l’ai fait arrêter parce que la clameur publique me l’avait désigné. Je ne m’en suis plus occupé, mais j’ai su qu’il avait été fusillé. »

Tout cela ne tient pas debout ; s’il y avait eu clameur publique, un magistrat, un policier comme M. Ansart, habitué à voir froidement ces sortes de choses, connaissant par métier les entraînements des foules, aurait été le premier à ne point s’y laisser prendre. Notez qu’il s’agissait d’un homme de la maison, connu de lui, resté là par ordre supérieur. — Mais, je le répète, il n’y avait pas même clameur publique : parce qu’à ce moment, la clameur publique, c’étaient les violences immédiates, l’arrestation par la foule, probablement l’exécution sur place ; et Villain, quand on l’a saisi, travaillait paisiblement à côté des pompiers.

M. Marseille renchérit sur la déposition de son collègue. Il dit :

« Villain avait été vu versant du pétrole. C’est un marchand de vin qui l’a vu. »

Mais il est obligé d’ajouter :

« Je ne sais plus son nom. »