Page:Pelletan - La Semaine de Mai.djvu/254

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Je ne pense pas que la rédaction subtile de ce chef-d’œuvre de littérature judiciaire puisse modifier l’opinion d’aucun homme de bonne foi.

Ainsi, on a fait exécuter Villain ; on ne peut pas, on ne veut pas en donner de raison sérieuse. Il faut donc qu’il y ait à cela une raison secrète. Or, l’exécution de Villain n’est point tout à fait un fait isolé ; il y avait quatre hommes de peine restés par ordre à la préfecture, pendant la Commune, sous les ordres de leur brigadier. On s’est débarrassé des quatre : Villain a été fusillé ; les trois autres, Lecomte, Germain et Gache ont été renvoyés. Ce n’est pas tout : le concierge Charvet, que M. Ansart félicitait si chaudement, était mis à la retraite l’année suivante. De ces cinq hommes, l’un a parlé, il a même écrit : c’est Charvet. Il a fait, avec l’histoire de ses malheurs, un volumineux mémoire, qu’il a adressé, sans aucun succès, à tous les préfets de police, à tous les ministres, à tous les présidents. J’ai eu ce mémoire entre les mains.

Je sais qu’on affecte de traiter Charvet de fou. Il est certain qu’il est gênant ; mais, si fou qu’on le suppose depuis qu’il s’est mis à raconter beaucoup de secrets vrais ou faux, ses récits n’en ont pas moins un grand caractère d’exactitude sur les points qu’on peut vérifier. Pour l’histoire de l’incendie de la préfecture, son exposé des faits concorde presque absolument avec celui que M. Maxime Ducamp a écrit sur le témoignage de ses amis de la préfecture : il n’y a qu’une différence, c’est que le rôle de Charvet est attribué à d’autres dans la version qu’a recueillie M. Ducamp. Par malheur, les extraits du Droit, de la Gazette des Tribunaux, de la Gazette de France, de la Petite Presse, les attestations des pompiers de Maisons-Laffitte, Rambouillet, etc., et des habitants de la place Dauphine, et surtout les chaudes