Page:Pelletan - La Semaine de Mai.djvu/265

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poursuivre, ni signaler cet officier, qu’il s’agissait seulement d’une constatation nécessaire à des affaires de famille : tant les juges de Mai se cachaient !

Le nom obtenu était celui de M. S*** capitaine de gendarmerie.

On lui fait écrire par un capitaine de son corps, ami de la famille B***. M. S*** se hâte de répondre qu’il ne sait rien, qu’il a seulement entendu parler d’exécutions faites au Châtelet, mais qu’un colonel de la garde nationale en est le seul auteur… Puis, comme on veut revenir à la charge, on apprend qu’il est parti pour la Corse, et le prévôt L*** assure qu’il ignore sa nouvelle adresse, qu’il ne peut plus le retrouver. Voilà un capitaine de gendarmerie absolument égaré !

On écrit à M. de Cissey. On reçoit des bureaux de la guerre une réponse à signature illisible, où je lis :

« J’ai reçu la lettre que vous m’avez adressée au sujet de votre beau-frère, le nommé É. B***, dont vous n’avez reçu aucune nouvelle depuis le jeudi 26 mai, jour où il aurait été arrêté comme prévenu de participation à l’insurrection. »

La formule est superbe pour désigner un blessé pris dans un lit d’ambulance et fusillé !

« Je transmets votre lettre à M. le gouverneur de Paris, en le priant de vouloir bien lui donner les suites qu’elle pourra comporter… »

C’est l’enterrement administratif dans toute sa beauté.

Le colonel Gaillard est plus convenable. Interrogé à son tour, il répond par une lettre où il y a un passage à retenir ; ce passage, le voici :

« Le service de la justice militaire établi à Versailles à la suite de l’insurrection n’a point eu à s’occuper des exécutions qui ont pu avoir lieu à Paris d’après les juge-