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alors qu’ils s’étaient répandus dans tout Paris, étaient maintenant concentrés par la défaite. On pouvait être assuré qu’ils se défendraient avec la dernière énergie…

Et, en effet, là, le combat fut rude. On mit plus de trois jours (jeudi, vendredi, samedi, le matin du dimanche) pour terminer la prise de Paris.

À droite, l’armée se heurtait au pont d’Austerlitz, formidablement défendu. À une de ses extrémités, une barricade demi-circulaire, enfilant le quai et le boulevard de l’Hôpital ; à l’autre bout, une seconde barricade ; une autre encore rue Lacuée, une autre à l’entrée du boulevard Mazas. La Seine et le canal servaient de fossés à cette place forte hérissée de dix canons, de deux obusiers et d’une mitrailleuse.

La division Bruat, sur la rive gauche, était arrêtée devant le pont, à la gare d’Orléans et au Jardin des Plantes ; sur la rive droite, la brigade La Mariouze était arrêtée devant le canal.

L’incendie du Grenier d’abondance empêchait de tourner les fédérés.

On commença par un duel d’artillerie. Deux canonnières et une chaloupe, précédemment reprises aux fédérés, vinrent prendre part au combat. L’artillerie de la Commune tonnait telle façon qu’il fallut renoncer à une batterie de six pièces placée sur le quai Saint-Bernard. L’équipage des canonnières souffrit beaucoup. Il perdit vingt-six hommes tués ou blessés sur quatre-vingt-deux. Pour comble de malheur, une pièce d’une batterie de l’armée envoyait ses paquets de mitraille sur la petite flotte. Il fallut qu’un enseigne de vaisseau, sous ce feu terrible, montât en youyou, et allât prier l’officier d’artillerie de rectifier son tir. La supériorité évidente du nombre finit par réduire au silence l’artillerie