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« Avec ton tricot rayé, ton affaire est claire. »

C’était le crime de porter un tricot rayé qui était puni de la peine capitale.

Maintenant, veut-on savoir combien de malheureux furent exécutés avec Popp ?

Lorsque, le 10 avril, on discuta au conseil municipal les conclusions du rapport de M. Lafont, dont j’ai extrait les détails suivants, M. Dumas, conseiller, intervint dans le débat, et le procès-verbal officiel rend compte de ses paroles dans les termes suivants :

« M. Dumas ajoute qu’après la rentrée des troupes de Versailles il fut, en sa qualité d’adjoint au maire du XIIe arrondissement, appelé à donner des permis d’inhumination pour plus de quatre cents personnes fusillées dans la prison de Mazas. Tous ces cadavres, parmi lesquels se trouvait peut-être celui de M. Popp fils, furent jetés dans un puits du cimetière de Bercy. Ce qui est certain, c’est que l’identité des personnes n’a pas été reconnue, et qu’il n’y a pas eu d’actes de décès. »

Ainsi, Mazas a été pris le jeudi soir ou le vendredi. On n’a donc pu y exécuter que le vendredi, le samedi et le dimanche ; tout au plus le lundi. Et dans ce court espace de temps, on y a abattu plus de quatre cents malheureux !

Les corps, comme dit le procès-verbal, étaient portés et jetés dans le puits de l’ancien cimetière de Bercy.

Devant cette révélation, l’autorité qui a toujours caché le massacre ! avec quel soin ! on le sait, ne pouvait rester muette. Et, en effet, M. le préfet de la Seine, le prédécesseur de M. Hérold, a répondu à M. Dumas. Comment ? Il ne pouvait rien opposer à ces faits, mais il a voulu néanmoins se montrer. Et voici comment le procès-verbal traduit ses paroles.

« M. le préfet de la Seine répond qu’il ne laissera ja-