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j’en comptai jusqu’à vingt. Ensuite six ou sept encore, je crois, eurent lieu. Ceux qui étaient ainsi mis à mort étaient presque tous des officiers de la garde nationale. »

J’extrais du Times le récit du passage des prisonniers à travers Paris. Dans le convoi, le correspondant du journal anglais a vu beaucoup de femmes, quelques-unes en hommes, des cantinières, des ambulancières, de tout jeunes garçons, des vieillards, plus de quinze cents soldats de l’armée régulière, l’habit retourné.

« Un homme au teint basané, aux cheveux noirs, de forte corpulence, s’assit au coin de la rue de la Paix et refusa d’aller plus loin. Après plusieurs essais pour le contraindre, un soldat perdit toute patience, le perça à deux reprises de sa baïonnette ; on lui ordonna de se lever et de reprendre sa marche avec les autres. Comme on pouvait s’y attendre, le commandement fut sans effet. Alors on le saisit, on le mit sur un cheval ; il tomba aussitôt à bas. On l’attacha à la queue du cheval qui le traîna comme la reine Brunehaut. Il s’évanouit à force de perdre du sang. Réduit enfin à l’impuissance, il fut lié sur une voiture d’ambulance et emmené au milieu des cris et des malédictions de la population. »

Un autre prisonnier qui refusait aussi de marcher, fut traîné par les mains et par les cheveux. La foule criait aux troupes de le fusiller.

On sait qu’aux fortifications, de nouvelles exécutions avaient lieu.

Le Gaulois ajoute un détail à cette scène. Après avoir conduit la colonne jusqu’à la Muette, la brigade Gallifet revint aux buttes Chaumont par les boulevards. « M. de Gallifet, dit le journal, s’est arrêté un instant au Jockey-Club où il a été reçu avec un véritable enthousiasme ». Je