Page:Pelletan - La Semaine de Mai.djvu/350

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nisants, quand il se sentit empoigné par le bras. Le sergent le ramenait à l’officier. « Mon commandant, c’est impossible de fusiller cet homme, il a ses papiers. » — « Voyons, dit le commandant. » Il parcourut le portefeuille, qui lui fut remis… Cette fois, le professeur passa pour de bon à droite.

Il y eut bientôt une foule de prisonniers avec lui : trois mille, à son évaluation. Tout le dimanche, toute la nuit, les détonations des fusillades ne cessèrent pas. Le lundi matin, un peloton entre. On demande cinquante hommes. Les prisonniers croient qu’on les demande pour une nouvelle exécution : personne ne bouge. Les soldats empoignent les premiers venus. Le professeur est du nombre. On les mène devant les cadavres. « Ramassez tous ces salauds et mettez-les dans les tapissières, » dit le sergent. Et il fallut accomplir cette lugubre besogne. Il semblait que plusieurs des fusillés respiraient encore. Mais les soldats criaient : « Allons ! va toujours. »

« Nous avons ramassé 1,907 corps », dit l’auteur de la relation.

Ce chiffre vous paraît énorme ?

Voici ce que dit le Times du 4 juin (correspondance du 31 mai) :

« Dimanche (c’est-à-dire le premier jour des exécutions, dans les premières heures), un Anglais visitant la prison a vu une seule montagne de trois cents cadavres, tous victimes des exécutions sommaires, et même, depuis lors, des bataillons de prisonniers ont été fusillés par intervalles. »

Et la Liberté, dit, de son côté :

« Pour les autres gardes nationaux arrêtés, et dont le nombre s’élevait à plus de quatre mille dans ces parages, une cour martiale fut installée à la Roquette