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LV

LES FORTS

Après cet épouvantable massacre, je ne puis m’étendre sur les moindres tueries. Il faut pourtant dire un mot des forts, surtout du fort de Vincennes. Pour les autres, un exemple emprunté au Gaulois donnera l’idée de ce qu’on y fit. Le Gaulois du 30 mai dit :

« Quand on entra dans l’enceinte du premier, on trouva huit artilleurs de la Commune, qui n’avaient pas eu le temps de fuir ; on les fusilla. »

Ce qui se passa à Vincennes mérite d’être exposé avec plus de détails. Le lecteur sera surpris d’y voir les chefs de l’armée, M. de Mac-Mahon, M. Vinoy, tenant personnellement aux fusillades, se réservant le moyen de les faire, les ordonnant eux-mêmes…, et à quelle date ? — Le dimanche 28, après la fin de la lutte, alors que Paris était inondé de sang et couvert de cadavres !

Je suis ici deux autorités que l’on ne récusera assurément pas : M. Vinoy dans son livre : l’Armistice et la Commune, et M. l’abbé Crozes, Épisode communal. L’abbé Crozes, aumônier de la Roquette, otage de la Commune. — Son arrestation, sa captivité, sa délivrance racontés par lui-même. — Récit inséré d’abord dans la Semaine religieuse.

Le fort de Vincennes fut le dernier point occupé par les fédérés. Il était encore en leur pouvoir, quand la dernière barricade fut enlevée dans Paris. D’après M. Vinoy, il y avait là environ quatre cents hommes,