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On exécutait à la prison militaire du Cherche-Midi, de nuit et dans les caves. (J’ai cité le fait à propos des abattoirs.)

On exécutait au bois de Boulogne. Au moins tous les journaux l’affirmèrent. L’Officiel, il est vrai, inséra ce démenti comminatoire le 13 juin :

« On lit dans un journal… C’est au bois de Boulogne que se font les exécutions… Toutes les fois que le nombre des condamnés dépasse dix hommes…, on se sert d’une mitrailleuse. Nous croyons devoir déclarer que tout journal qui reproduirait cette odieuse et absurde calomnie serait immédiatement déféré à la justice. »

Ce démenti ne convaincra personne.

D’abord, il est vague. Que dément-il ? Les exécutions ou l’emploi de la mitrailleuse ?

Pourquoi feindre tant d’indignation à l’idée d’exécution au bois de Boulogne, alors que dans le même temps on en faisait notoirement, incontestablement ailleurs ? Puis, qui propageait ces « absurdes et infâmes calomnies » ? Les journaux les plus conservateurs, les plus amis des exécutions.

Ce démenti obtint si peu de crédit, qu’un journal absolument dévoué à M. Thiers et au gouvernement, la Cloche, remarquait que la note de l’Officiel était « tardive », et « étrange ». Tardive, car la nouvelle avait déjà fait le tour de la presse depuis plusieurs jours ; et étrange, car il était difficile de poursuivre la reproduction d’un article qui n’était pas poursuivi.

Enfin, on exécutait encore, avec des mitrailleuses, au Père-Lachaise.

M. L***, négociant, retraité militaire, écrit à ce sujet à M. Clémenceau :

« Mon père habitait depuis 1866, 17, rue d’Eupatoria,