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LVIII

LA PRESSE

(suite)

J’ai commencé à montrer quel fut le rôle de la presse pendant et après la semaine de Mai. Je dois dire qu’il y eut d’honorables exceptions. Non seulement les journaux tels que le Siècle, tels que le Temps, mais encore des feuilles aussi conservatrices que les Débats s’abstinrent de ces sanglantes excitations, cherchèrent même à réagir, demandèrent la fin de cet aveugle massacre, flétrirent les dénonciations et relevèrent quelques-unes des sinistres erreurs de la répression.

Les pires furent les feuilles « boulevardières ». J’ai eu l’occasion, dans une polémique récente, de montrer à l’œuvre le journal de M. Pessard. D’autres le laissèrent loin derrière eux, comme la Liberté, le Gaulois et le Figaro. La palme resta au Journal de Paris.

Dans les violences que j’ai citées jusqu’ici, il n’y a pas de désignation de personnes ; les journaux d’alors faisaient mieux que des phrases générales : ils nommaient, ils signalaient les gens, ils indiquaient les victimes. Ils ne se contentaient pas des communalistes. Ceux-là étaient dénoncés d’avance. Bien entendu, on ne se gênait pas avec eux. Le Figaro publiait en feuilleton un roman donné pour historique, dialogué à la façon de Ponson du Terrail, où les hommes de la Commune prisonniers, ceux qu’on cherchait, disaient et faisaient une foule d’horreurs. C’était signé « Mar-