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triers (l’École militaire et la Roquette entre autres), on ne peut le réduire à moins de 10,000 à 12,000. Restent les inhumations hâtives faites sur la voie publique. M. Maxime Ducamp en admet plus de 1,200, et nous avons vu qu’il n’en connaît qu’une très petite portion. Il faut donc ajouter encore quelques milliers de ce chef. Il est difficile d’évaluer, avec précision, ce que les fossés des fortifications, le bois de Boulogne, la route de Versailles, Satory ajoutent au total. En tout cas, ce ne serait pas près de 17,000, mais près de 30,000 qu’il faudrait chercher le chiffre réel.

Voilà ce que je trouve, en me fondant sur les procédés d’inhumation. Maintenant, vérifions cette évaluation d’après les divers lieux d’exécution. J’ai essayé de donner quelque idée des « abattoirs » qui fonctionnaient sur certains points de Paris. Le Châtelet, à lui seul, fit peut-être 3,000 victimes. C’est, m’a-t-on dit, le chiffre des vies humaines que les massacreurs se vantaient, à cette époque, d’avoir sacrifiées. Considérez que la cour prévôtale a siégé en permanence, depuis mercredi matin jusqu’au lundi, et qu’en deux heures seulement, un témoin oculaire a vu se diriger sur la caserne Lobau six convois de prisonniers, c’est-à-dire 120 à 180 victimes.

Je crois qu’il faudrait admettre à peu près le même chiffre pour la Roquette, où l’on a chargé, d’après nos informations, 1,300 et 1,900 corps à la fois. À ces deux terribles abattoirs, ajoutez :

L’École militaire et le parc Monceau, qui ont fonctionné toute la semaine ;

Mazas, qui apporte plus de 400 morts, chiffre certain ;

Le Luxembourg, qui fournit certainement quelques centaines au total ;