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l’arrondissement inhabitable. La partie voisine des fortifications était absolument déserte. Il n’y avait presque pas de partisans de la Commune dans le XVIe arrondissement ; et ce fut le dernier point de Paris où le pouvoir de l’Hôtel-de-Ville fut accepté. Encore dut-il toujours le surveiller. Enfin, c’est là que l’armée pénétra en premier lieu ; et l’on sait quel crescendo régulier suivirent les exécutions du premier au dernier jour.

Eh bien ! le cimetière de Passy reçut au moins 675 corps, probablement 800. Le cimetière d’Auteuil en reçut environ 70. Tous les morts n’y furent certainement pas portés. En prenant les chiffres les plus faibles, en réduisant presque à rien les inhumations aux fortifications, qui furent probablement très nombreuses, je crois qu’on ne peut abaisser, même par les procédés de M. Maxime Ducamp, à moins de 800 ou 900 le chiffre des morts de Passy.

Voilà le contingent du moins peuplé et du moins éprouvé des vingt arrondissements. Supputez, d’après cela, le contingent de Montmartre, trois fois plus peuplé et traité si cruellement, du Ve arrondissement, littéralement couvert de cadavres, du XXe, dont la population deux fois plus forte, et de plus grossie de réfugiés, était restée à peu près au complet pendant la Commune, et dont certaines rues furent changées en désert par la répression. Cherchez d’après cela une moyenne par arrondissement, et multipliez-la par vingt. Je défie qu’on arrive au-dessous de 30,000.

Je me borne à ces indications ; ce serait tromper le lecteur que de vouloir préciser des chiffres. Il faudrait une enquête officielle faite sur ce point avec la volonté (peu probable) de découvrir la vérité historique pour avoir aujourd’hui quelque chose de plus net sur ces morts innombrables.