Page:Pelletan - Le Comité central et la Commune.djvu/14

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qui parlaient ainsi, ignoraient complètement ce qui se passait à quelques lieues. Mais comment des républicains, venus de si loin, auraient-ils tenu pour suspects, en pareille matière, des hommes considérables de l’opinion radicale ? Ces hommes subissaient les erreurs répandues sur Paris dans Versailles, comme on subissait de l'autre côté de la bataille les idées fantastiques répandues sur Versailles dans Paris.

Cet exemple me paraît montrer à quel point, à cette époque, l’opinion qu’on se formait, non pas seulement de la culpabilité des actes, mais encore de la réalité des faits, dépendait moins du parti auquel on était attaché, que du milieu dans lequel on se trouvait vivre. — Je ne veux pas comparer, sous ce rapport, la Commune et Versailles ; mais on conviendra pourtant que l’on est toujours mal placé dans un des deux camps, pour connaître avec exactitude ce qui se passe dans l’autre.

Cependant la Commune une fois écrasée, son histoire a été faite, non d’après les documents — peu consultés ou consultés généralement avec parti pris, mais d’après les notions qui avaient cours autour de l’Assemblée. Peu à peu, les opinions ainsi formées, que peu de gens contrôlaient ou contredisaient, et que les républicains eux-mêmes outraient parfois par crainte de compromettre leur cause par une apparence même fausse d’indulgence pour l’insurrection, se sont répandues dans le public de toutes les façons, et ont fini par dominer presque exclusivement dans une grande partie de la France.

Les idées fausses sont toujours dangereuses : elles le sont encore plus quand elles portent sur des évé-