Page:Pelletan - Le Comité central et la Commune.djvu/194

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sonne d’oser dire de bonne foi, qu’il souhaite qu’une question politique, comme l’amnistie, irrite et fasse rechercher les souvenirs de cette époque : qui donc y pourrait profiter ? — Rien que les discordes sociales.

Les prises de villes gagnent toujours à n’être pas regardées de trop près. Veut-on que dans une lutte comme celle-là, il n’y ait pas nombre d’excès commis, même du côté du droit ? Ignore-t-on l’ivresse du sang et de la poudre, l’entraînement de la tuerie, l’exaspération, à de pareils moments, des haines politiques et personnelles ? — Espère-t-on, que dans les grandes villes, qui réclament l’amnistie, dans les populations ouvrières les plus frappées par la répression, les souvenirs de cette période ne seront pas transmis, exagérés, envenimés ?

Quels legs à l’avenir, que ces souvenirs perpétués, sans aucun acte d’apaisement ! Chaque insurrection laisse un sanglant héritage à celle qui la suit : la guerre civile, étouffée, dépose sa semence sur le sol ; on l’a vu, quand, dès le 18 Mars, les souvenirs de Juin ont reparu après avoir couvé plus de vingt ans en silence. — C’est ainsi que la France a été condamnée à cette horrible périodicité de répressions aveugles et de soulèvements violents, qui se reproduisent avec une exactitude mathématique.

Aux Cent-Jours succèdent quinze ans de réaction : mais ils ne s’appesantirent sur le pays que pour préparer l’explosion d’une révolution politique, qui a son contre-coup d’insurrections avortées, mais sanglantes.

Après 1830, un régime de « résistance » pèse dix-huit ans sur la France : mais il mûrit à son tour une