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exemplaires d’une même statue. Après avoir conquis la Grèce, elle en pilla les peintures ; la reproduction constitua dès lors pour elle une industrie. Une corporation de copistes appelés Ectypes alla de ville en ville par toute l’Italie, décalquant, en quelque sorte, les compositions des maîtres grecs et les représentant en détrempe sur le stuc de chaque maison et de chaque villa. Pompéi, précisément décoré de la main de ces Ectypes, est donc le musée retrouvé de la peinture grecque, à la différence toutefois de la touche de l’artiste à la touche du copiste. Plus de doute à cet égard pour qui a étudié de près la question. Eh bien ! de l’étude attentive des innombrables compositions de Pompéi, la critique peut hautement déduire que la peinture antique était en réalité une variante du bas-relief, un bas-relief par la couleur. Même composition, même ordonnance ; peu d’action, nul contraste, le moins de personnages possible ; et, le plus souvent, pour rendre encore le rapprochement plus complet, Zeuxis, par exemple, peignait en grisaille. Quant au paysage, il n’en est pas question. L’antiquité, sous ce rapport, en est restée à l’enfantillage chinois : un pont par ci, une porte plus loin, une volière à côté, un arbuste ailleurs.

Est-ce bien là en conscience la peinture inspirée et multiple de ce côté-ci du temps ? de cette peinture qui, tour à tour, épique, dramatique, pathétique, majestueuse, colorée, gracieuse, rêveuse, intime, domes-