Page:Pelletan - Le Monde marche.djvu/180

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nombre de coups pour le corps, le même nombre de coups pour la raison, le même nombre de coups pour le vice, le même nombre de coups pour la vertu ! Vous nous replongez donc aujourd’hui, au dix-neuvième siècle, dans la nuit lugubre de la doctrine du dualisme ? Ah ! s’il en est ainsi de l’humanité… Silence ! Fermons la porte sur vos paroles. Que le monde des natures inférieures ne sache pas que les meilleurs, rassurés pour eux-mêmes, ont élevé, sur les débris de la fatalité antique, la fatalité de quoi donc… du sang dans l’artère !

Et l’amour, cette passion aussi et la plus sacrée de toutes, qu’en dites-vous dans le secret de votre pensée ? car vous l’avez oubliée ou indiquée seulement par réticence. Aucun charbon n’a-t-il passé sur le cœur humain, depuis Briséis jusqu’à Béatrice, pour le purifier de toute souillure ? Et vous-même, ô poëte ! le plus grand des poëtes de l’amour, le plus chaste, le plus pur, le plus éthéré, vous dont chaque strophe est sans cesse baignée de toutes les larmes et de tous les parfums de l’âme, comme la terre est ruisselante au printemps de toutes les rosées et de toutes les haleines d’aubépines, parce que chaque strophe de vous est une immersion de l’âme en Dieu, une palpitation infinie du cœur, obligée de prendre l’infini à témoin, d’étoile en étoile, pour trouver une langue à sa mesure, viendriez-vous affirmer aujourd’hui, vos œuvres à la main, que nous aimons comme les Grecs aimaient, et que vous avez chanté