Page:Pelletan - Le Monde marche.djvu/192

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dormaient d’un sommeil de plomb, dans cette mort de l’âme appelée servitude. Est-ce qu’ils méritaient mieux à ce moment-là d’eux-mêmes ou de leurs voisins, sinon de frontières, du moins de principes ? Et ne voyez-vous pas que les agitations, ô agitateur sublime vous-même à un jour donné, sont les preuves du progrès des peuples, puisque ces peuples frémissent à d’autres aspirations. Que sont en effet les révolutions, les tentatives de révolutions, sinon de nouvelles couches d’idées qui font irruption des profondeurs du sol, et viennent chercher leur place au soleil ?

Ce n’est pas la mort qui remue, c’est la vie ; et, au nom de la vie, rendons grâce au mouvement, au lieu d’en faire un argument de décadence. Quand le sol tremble au loin, soyons sûrs que Dieu vient de mettre le pied sur la terre dans l’électricité contagieuse d’une vérité. Vous ne tromperez pas, n’est-ce pas, ô Dieu du progrès, tant d’efforts de tant de héros du cœur ou de la pensée ? Si là-bas, dans le défilé d’une apparence de retraite, Roland sonne du cor à rompre les veines de sa poitrine pour appeler le temps à son secours, vous ne fermerez pas le siècle sans envoyer la civilisation, votre armée invisible, à la délivrance du combattant de l’avenir, tombé un instant dans le piège du passé.

Écoutez plutôt la leçon de la nature. La nature, après tout, est le miroir de l’histoire.

Lorsque après l’époque de la vendange et l’effervescence de la cuve, l’automne vient à pas muets, comme