Page:Pelletan - Le Monde marche.djvu/207

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

XVIII

Je reprends le chapitre du bonheur, car, plus j’avance dans ce débat, plus je vois que ce mot est à lui seul le mot du problème. Le progrès, en effet, signifie mensonge, ou bien il signifie amélioration de notre destinée ; or l’amélioration de notre destinée implique nécessairement à un degré quelconque l’idée de bonheur. Seulement il faut définir le bonheur, et, pour le définir exactement, commencer par le retirer de la confusion où il a flotté jusqu’à présent au caprice de chacun pour le replacer sur son véritable piédestal.

Certes j’en sais plus d’un parmi les défenseurs du progrès qui pourrait à bon droit, s’il voulait écouter le murmure de sa chance, prendre, lui aussi, une heure de la vie pour la vie entière, et proclamer ce monde un champ de carnage, où une implacable Euménide, semant aux ronces et aux pierres du chemin les lambeaux de notre