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lante du tropique, le nombre, la grammaire, la poésie, la philosophie.

Mais, pour passer, cependant, à une civilisation supérieure, l’humanité avait besoin de créer auparavant un des éléments indispensables de la constitution de l’humanité. Je veux parler de l’architecture. L’Inde pouvait-elle inventer la truelle et l’équerre ? Non, assurément ; car, pour aller chercher aux entrailles de la terre, en l’absence de moyens mécaniques, ces énormes blocs de pierre si lourds à remuer, si durs à tailler, l’homme doit nécessairement recevoir de la nature l’injonction d’un semblable travail, et de cette même nature en même temps un coup de main au moment de l’exécution. L’Inde n’avait ni cette condition à subir, ni cette assistance à chercher. Une cabane y suffisait à l’homme pour abriter sa famille. Le bois plus ou moins ouvragé, comme en Chine aujourd’hui, faisait tous les frais de son architecture. Car ses pagodes, comme nous l’avons déjà vu, n’étaient que des cavernes creusées à l’infini dans le flanc des montagnes et arrosées d’étangs souterrains pour abreuver les troupeaux sacrés.

Cherchons donc encore sur la carte une race soumise à une condition tellement exceptionnelle de géographie, qu’elle subisse, du fait de cette individualité en quelque sorte de territoire, l’obligation rigoureuse d’étager la pierre sur la pierre pour construire sa demeure. Cette race aura en partage une vallée complétement submergée une partie de l’année, de sorte que, pour dominer l’inonda-