Page:Pelletan - Le Monde marche.djvu/231

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La disparition des États formés par les peuples à un jour donné, pour un travail donné, loin d’infirmer la doctrine du progrès, la confirme, au contraire ; car tous ces États, en définitive, n’étaient que les cadres restreints d’une civilisation toujours grandissant, qui devait précisément briser ces cadres au fur et à mesure de son agrandissement. Quoi ! je vous dis que le papillon est un progrès sur la chenille, et quand je vous montre la splendeur de son aile dans un rayon de soleil, vous dites à votre tour, pour nier la gloire de la transformation : Où donc est la chrysalide ? Eh ! mon Dieu, le papillon est précisément un progrès, parce qu’il a laissé derrière lui la chrysalide, haillon déchiré de sa première existence.

Oui, nous avons émigré de la civilisation, mais comme les tribus d’Israël sortirent de l’Égypte, en emportant avec elles les vases égyptiens. Et, en vérité, plus je médite ce mystère d’histoire, plus j’admire d’un cœur religieux l’harmonie préétablie entre l’aménagement de la planète et le mouvement du progrès.

Partie de l’extrême Orient, la civilisation devait marcher à l’Occident pour ramasser l’homme sur son passage. Elle arrive en Syrie ; elle y établit la navigation. Quelle raison, toutefois, a-t-elle de naviguer à l’ouest dans le sens de la barbarie, pour ne trouver à la proue de son navire que des peuples sauvages et des forêts incultes ?

Aucune en apparence. Mais une main prévoyante avait placé l’or en Espagne ; et la Phénicie vogue vers